Montessori, Freinet, Steiner, Pikler Loczy et Dolto : quelles différences entre ces pédagogies alternatives ?
“L'important de la pédagogie n'est pas d'apporter des révélations, mais de mettre sur la voie.”

Introduction

Parce qu’il n’y a pas une seule et unique méthode d’apprentissage, de plus en plus de parents se tournent vers des écoles à la pédagogie alternative. Petite mise au point sur leur philosophie et leurs principes pédagogiques pour se forger sa propre vision éducative.
Bienveillantes dans leur manière d’aborder l’apprentissage, les écoles Montessori, Freinet et Steiner ont pour point commun de prendre en compte le rythme de chaque enfant, de favoriser l’estime de soi, l’autonomie et le respect des autres. « Dans ces établissements à la pédagogie ‘active’, l’enfant n’écoute pas passivement le professeur. Il est invité à prendre part aux cours et à la vie de l’école. Les élèves travaillent en petits groupes. Ils sont à l’écoute les uns des autres, ils s’entraident et mutualisent leurs compétences », poursuit Sophie Madoun.

Pédagogie Montessori : éveiller sensoriellement les enfants

Première femme médecin d’Italie, Maria Montessori a développé sa pédagogie auprès d’enfants rencontrant des difficultés, avant de l’élargir à tous les enfants de 7 à 16 ans. Pour elle, l’enfant est un être à part entière et autonome. Il est donc primordial, pour qu’il prenne confiance en lui et devienne un adulte épanoui et responsable, qu’on lui permette de faire des choses seul. C’est dans cette optique qu’elle a créé le matériel pédagogique qui est encore aujourd’hui utilisé dans les classes Montessori. Attrayant, tactile et concret, il permet à l’enfant d’explorer le monde et de se construire. Vaisselle adaptée à sa taille, lettres rugueuses, tablettes de couleur… Grâce à ce matériel, l’enfant conçoit les leçons qu’on lui enseigne à travers les sens comme la vue, l’ouïe, le toucher. Impliqué dans le processus d’apprentissage, il se développe à son rythme, sans stress ni pression.

Pédagogie Freinet : apprendre en expérimentant

Élaborée par le Français Célestin Freinet, cette pédagogie offre à l’enfant un rôle actif dans son propre apprentissage. Il n’est plus question de lui inculquer un savoir qu’il intègre passivement et sans passion. Pour le motiver et l’aider à réussir, il doit être pleinement intégré à l’élaboration des leçons, à l’organisation de la classe et de l’école. La pédagogie Freinet repense aussi le rôle de l’enseignant : sa place n’est plus au tableau pour « faire la classe » aux élèves, mais au milieu d’eux pour les guider et les encourager. Célestin Freinet ne croit pas aux savoirs empiriques. Pour le pédagogue, on apprend à lire, à écrire et à compter comme on a appris à marcher : en expérimentant et donc en se trompant. L’échec n’est plus vécu comme tel par l’enfant : il s’agit simplement d’une étape de plus vers sa réussite. Vraiment impliqués dans le processus d’apprentissage, les enfants participent régulièrement à des « classes ateliers » et des « classes promenades », tiennent un journal scolaire, font du théâtre ou de la danse. L’objectif : développer leur sensibilité pour les aider à apprendre.

Pédagogie Steiner : ouvrir les enfants au monde

Pour Rudolf Steiner, l’enfant n’est pas une page blanche. Il faut le considérer « dans sa globalité avec un corps, une âme et un esprit », explique Sophie Madoun. L’école a donc comme mission de l’aider à apprendre, mais toujours en attisant sa curiosité et en respectant son rythme. Contrairement à l’éducation traditionnelle, qui considère la lecture, l’écriture et le calcul comme les principaux savoirs à inculquer à l’enfant, la pédagogie Steiner met l’accent sur l’enseignement artistique et corporel. En apprenant à jouer d’un instrument ou en faisant du théâtre, les enfants développent leur intelligence émotionnelle et leur créativité. Jusqu’à l’âge de 7 ans, l’apprentissage se fait surtout par le jeu. Vient ensuite l’enseignement des fondamentaux, comme la grammaire et les mathématiques pour lesquels l’enfant est invité à trouver les solutions par lui-même. « L’enfant doit apprendre à avoir confiance en lui, en ses intuitions, au monde, à ouvrir son esprit », développe Sophie Madoun. L’accent est aussi mis sur les voyages, avec de nombreux échanges scolaires à l’international.

Pikler Loczy : accompagner l’enfant vers son autonomie

Motricité libre, référence, importance du soin… Voilà près de quarante ans que les observations de la pédiatre hongroise Emmi Pikler, alors directrice de l’Institut Lóczy, ont changé le regard de professionnels sur la petite enfance.
En 1946, Emmi Pikler, pédiatre et psychopédagogue, créa une pouponnière pour accueillir les enfants orphelins et abandonnés. Ce sera l’Institut Lóczy. L’équipe va y mettre en place des conditions d’accueil particulièrement innovantes pour l’époque, basées sur le respect de l’enfant, de son rythme de développement et de ses envies. Forte de son expérience auprès des familles, elle constate que les tout-petits peuvent développer des compétences innées, sans aucun enseignement ni apprentissage extérieur, sous le regard attentif des parents ou des éducateurs qui les observent, les accompagnent, les soutiennent et veillent à leur apporter un cadre stimulant et sécurisant, sans pour autant intervenir dans leurs apprentissages.

Pedagogie Dolto : écouter les enfants et leur parler

Le nouveau-né aspire d’abord à communiquer et que ses désirs, indépendants de ceux d’un adulte, sont aussi respectables .Elle cherchera à « suivre », persuadée que chaque enfant est doté d’un savoir, même confus ou ignoré, le guidant sur son chemin : « fou », « débile », qu’importe, dès lors qu’il trouve un équilibre. A la différence de l’animal, chez l’être humain tout « veut dire ». Les gestes les plus absurdes ont un sens, font partie d’un langage symbolique à travers lequel se tisse ce que Dolto appelle « la fraternité d’espèce ». Parler, s’exprimer, permet de marquer sa différence vis-à-vis d’un autre (avant tout de sa mère), pour mieux partager avec lui des émotions, des souvenirs, des idées.